Il s'en est allé...

19 juin 2008

Parce que je n’ai pas simplement perdu le vieux monsieur à qui on rend visite le dimanche, je pense qu’il est normal de parler de lui…

Notre histoire a commencé il y a presque 23 ans…

Le jour de ma naissance, il était en vacances avec ma grand-mère et d’autres cousins…

Il venait de fêter sa retraire, avait tout le temps de jouer les papis sans savoir à quel point son rôle serait important dans ma vie…

Je conserve dans mon album d’enfant son télégramme de félicitations à mes parents…

« sommes très heureux de l’arrivée d’Armandine… »

Il m’a souvent appelé comme ça, après plutôt pour se moquer de cette anecdote mais en ce jour chaud de mois d’août, sa petite fille restait l’unique à avoir un nom bien trop original à ses yeux…un « Marie » ou « Julie » lui aurait bien plus convenu…

Quand mon père est parti, la fête des pères fut pour moi un réel chaos…

Je suis rentré de l’école avec mon bricolage à la main, en lui disant « mais moi j’ai pas de papa… », c’est alors qu’avec son regard empli d’émotion et sa force légendaire il m’a pris dans ses bras en prenant mon cadeau comme un footeux pourrait élever la coupe du monde et m’a dit « maintenant ce sera moi ton papa ! »

Depuis ce jour là, il a toujours eu dans son bureau un petit cadre contenant un peinture faite à la paille orange et vert-bleu complètement immonde mais avec une histoire tellement jolie qu’on l’aurait pris pour un Picasso…

Il m’a appris à marcher, me filmer des heures entières pour après ennuyer les gens en leur mettant en boucle les nouvelles facéties de son rayon de soleil comme il disait…

Il m’a expliquer comment construire une maison solide en légo, un bateau en bouchon de liège à faire flotter sur l’eau, l’importance de se laver les mains comme il faut, et toutes ces choses qui font aujourd’hui partie intégrantes de ma vie…

Il m’a soutenu tous les jours pour m’aider à grandir et à avancer…le simple fait de sentir son souffle d’amour sur ma tête m’aidait à en vouloir toujours plus !

Il a aimait l’homme que j’aimais et l’a détestait lorsqu’il m’a quitté…

Petite je rêvais de me marier avec au cou un collier de perle…Quand il est tombé malade, il y a 10 ans il m’avait promis de tenir le coup jusqu’à mon mariage…

Lorsqu’il a senti ses forces s’amoindrir, il a tenu à m’offrir un collier de perle « au cas où… »...

Je conserve toujours dans son écrin rouge, ce magnifique collier qui me rappellera sa présence dans mon coeur ce jour là...

Son dernier geste fut de prendre mon visage entre ses mains pour m’écouter lui dire je t’aime…

Aucun homme ne quittera jamais ma vie avec autant de classe…

Finalement il sera toujours là…